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Les scientifiques recommandent la création de zones protégées à Madagascar

Pêche locale à Madagascar. Photo de Julie Larsen Maher/WCS.
Pêche locale à Madagascar. Photo de Julie Larsen Maher/WCS.


Alors que le gouvernement malgache prévoit d’étendre les zones maritimes protégées d’un million d’hectares, un groupe de chercheurs a présenté des recommendations flexibles, dans une étude de la revue en libre accès PLos ONE. Les chercheurs ont utilisé quatre différentes analyses afin d’illustrer différentes options de conservation ; néanmoins celles-ci ont toutes souligné la nécessité de protéger certaines zones où la biodiversité est riche, telles que les récifs des îles Barren, de Juan de Nova, le Banc de Leven, et les bancs de sables peu profonds du Cap Sainte Marie.



« La création de zones protégées est une stratégie clé de conservation pour sauvegarder les ressources maritimes, mais une seule et même mesure ne convient pas à toutes celles-ci. L’étude insiste sur la nécessité de mettre en place une série complète de mesures de gestion, des pêcheries côtières communautaires aux parcs marins entièrement protégés » a indiqué Caleb McClennen, le co-auteur et directeur des programmes marins de la Société pour la conservation de la vie sauvage (Wildlife Conservation Society (WCS)) dans une conférence de presse.



Actuellement, la conservation maritime est faible à Madagascar. L’étude constate que moins d’1 pourcent des récifs de corail nationaux sont situés dans des zones interdites à la pêche et il y a seulement une zone maritime protégée : Sahamalaza- îles Radama. Parmi les plus importants sites marins, les îles Barren ont bénéficié d’une attention particulière en matière de conservation, mais d’autres sites ont été jusqu’ici négligés par les efforts de conservation.



De nombreux malgaches dépendent des ressources maritimes pour leur subsistance et apports en protéines, mais les eaux malgaches restent largement exploitées par les pêcheries étrangères. En outre, Madagascar fait partie des pays les plus pauvres du monde avec environ 70% de la population souffrant de malnutrition et les deux tiers de celle-ci vivant sous le seuil international de pauvreté (avec moins de 1,25$ par jour). Le pays a connu une importante croissance démographique : les autorités estiment qu’au cours du 20ème siècle, la population est passée de 2,2 à presque 12 millions d’habitants. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population a moins de 20 ans. La combinaison de la pauvreté, de la croissance démographique et de la flotte de bateaux de pêche étrangers fait subir une pression importante aux pêcheries nationales. Une étude récente publiée dans Marine Policy a révélé que les prises de poissons à Madagascar étaient deux fois plus élevées qu’annoncées, et qu’environ la moitié est consommée à l’étranger.
« Des signes de déclin ont déjà été observés dans plusieurs réserves, ce qui suggère que les quantités de poissons pêchées excèdent probablement les rendements durables. Cela a des implications profondes pour la durabilité économique et écologique des pêcheries, ainsi que pour la sécurité alimentaire, dans un pays où la population dépend fortement de l’océan pour ses apports en protéines et moyens de subsistance quotidiens » indique l’étude de Marine Policy.



La création de zones protégées et autres systèmes de gestion seraient un des meilleurs outils pour s’assurer que les pêcheries ne s’effondrent pas.



« Il appartient aux pays, face à l’influence menaçante des pêcheries et aux crises climatiques, de prévoir et mettre en place une gestion intelligente qui augmentera la résistance de leurs ressources maritimes naturelles » a déclaré le co-auteur Tim McClanahan, à propos de la Société pour la conservation de la vie sauvage (WCS) également : « Ce document va fournir une feuille de route à Madagascar pour planifier et gérer ces ressources et les méthodes devront être accessibles et utiles pour les pays les plus pauvres, où l’adaptation au changement climatique va faire de la planification spatiale maritime un élément déterminant de la réussite de leur intervention ».




CITATIONS:Allnutt TF, McClanahan TR, Andréfouët S, Baker M, Lagabrielle E, et al. (2012) Comparison of Marine Spatial Planning Methods in Madagascar Demonstrates Value of Alternative Approaches. PLoS ONE 7(2): e28969. doi:10.1371/journal.pone.0028969



Frédéric Le Manach, Charlotte Gough, Alasdair Harris, Frances Humber, Sarah Harper, Dirk Zeller. Unreported fishing, hungry people and political turmoil: the recipe for a food security crisis in Madagascar? Marine Policy. Volume 36, Issue 1, January 2012, Pages 218-225.



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