Nouvelles de l'environnement

Les 10 histoires environnementales les plus marquantes de l’année 2011

Victories won by activists around the world tops our list of the big environmental stories of the year. In this photo: a young woman is placed in handcuffs and arrested for civil disobedience against the Keystone XL Pipeline in the U.S. In all, 1,252 people were arrested in the two week long action.
Les victoires remportées par les militants à travers le monde sont en tête de notre liste des plus importantes histoires environnementales de l’année. Sur cette photo: une jeune-femme est menotée et arrêtée pour désobéissance civile alors qu’elle manifestait contre le Pipeline de Keystone XL aux Etats-Unis. Au total, 1252 personnes ont été arrêtées durant cette action qui a duré deux semaine. Photo de Josh Lopez/Tar Sands Action..


Des gens luttent, les changements climatiques s’accélèrent et l’Indonésie travaille à enrayer la déforestation. Voici ci-dessous une rétrospective de certaines des plus importantes histoires environnementales de l’année 2011.







Le pouvoir des gens: l’utilité du militantisme (Hance)



Beaucoup des histoires les plus dramatiques de l’année 2011 concernant des problèmes environnementaux nous sont parvenues grâce à ceux qui sont descendus dans les rues. Les gouvernements et les compagnies mettant du temps à s’occuper des graves problèmes environnementaux, les gens ont commencé à s’affirmer. On a vu des victoires être remportées sur quatre continents: en Bolivie, la répression des manifestants a mis dans l’embarras le gouvernement, l’obligeant à laisser tomber ses projets de construction d’une route à travers le Tipnis (le territoire autochtone et le Parc national d’Isiboro Sécure), une réserve amazonienne autochtone; en Birmanie, un pays qui n’est pas connu pour s’incliner devant les exigences du peuple, d’importantes manifestations ont poussé le gouvernement à annuler un important projet hydroélectrique chinois; à Bornéo, un combat mené durant trois ans pour stopper la construction d’une usine de charbon sur la côte du Triangle du Corail s’est terminé par la victoire des militants; en Grande-Bretagne, des projets de privatisation de forêts ont engendré un tel tollé public que le gouvernement non seulement les a retiré mais s’est aussi excusé et aux Etats-Unis, la désobéissance civile ainsi que les importants défilés ont fait pression sur l’administration Obama pour que soit retardée une décision sur le controversé pipeline de Keystone XL, lequel mettrait sur le marché mondial les sables bitumineux du Canada. Cependant, il faut s’attendre à ce que certaines de ces batailles resurgissent de nouveau: le Congrès américain essaie déjà de forcer l’administration Obama à rapidement prendre une décision concernant le pipeline. En dépit des écrasants problèmes, l’année 2011 a été une année en laquelle les gens ont prouvé au monde qu’ils pouvaient encore se faire entendre.


Course contre la montre relativement aux changements climatiques (Hance)

Lorsque nos enfants regarderont cette décennie, ils chercheront probablement à répondre à une seule question: qu’est-ce qui a été fait pour enrayer l’augmentation des températures sur Terre? De nombreux scientifiques et experts mondiaux désignent les dix prochaines années comme un moment décisif pour les changements climatiques mondiaux. Une étude récente a constaté que s’il existait une quelconque chance (une probabilité de 66%) que les gouvernements mondiaux tiennent leurs promesses de maintenir la hausse des températures mondiales en dessous de 2 degrés Celsius, il faudrait que les émissions culminent à la fin de cette décennie et chutent rapidement ensuite. Mais le fait d’avoir deux chances sur trois n’est en rien une garantie. Pour avoir 90% de chance, il faudrait que nous supprimions la totalité des émissions avant la fin de la décennie Pendant ce temps, l’Association internationale de l’Energie, laquelle n’est pas connue pour son alarmisme, est d’accord, arguant que les émissions doivent commencer à décliner dans les cinq ans. Cependant, en dépit de décennies d’avertissements toujours plus effrayants – pour ne rien dire de l’augmentation des évènements climatiques dévastateurs comme les sécheresses et les inondations—beaucoup de scientifiques affirment que les gouvernements agissent de manière beaucoup trop lente et trop timide. L’année dernière, les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau record, grimpant de 6% par rapport à l’année précédente. Pendant ce temps, les gaz à effet de serre sont en train de se croître comme jamais dans l’atmosphère, l’ actuelle concentration de carbone étant de 389 parties par million. Mais la guerre climatique n’est pas encore perdue. De quoi avons-nous besoin? D’un déploiement rapide des énergies renouvelables, d’améliorations drastiques en terme d’efficacité, d’une mise en préretraite des centrales à combustibles fossiles à moins que la capture de carbone ne s’avère viable ,d’un arrêt mondial de la déforestation ainsi que de la destruction des tourbières. Une recherche récente a montré que l’énergie solaire et l’énergie éolienne pouvaient à elles seules fournir 90% des besoins énergétiques mondiaux, avec des voitures et des avions fonctionnant avec des carburants alternatifs. Et politiquement parlant? Supprimer toutes les aides aux combustibles fossiles via des programmes de plafonnement d’émissions et de commercialisation de celles-ci et via un ambitieux accord climatique international ne ferait pas de mal. On ne peut l’oublier: nos enfants nous considéreront, en fonction de nos résultats, soit comme la génération la plus géniale soit comme la plus abominable.


Politique forestière en Indonésie: deux pas en avant, un pas en arrière (Butler)

Autrefois, c’était une forêt tropicale et maintenant c’est une plantation d’huile de palme: cette plantation en monoculture  se situe près du Parc national de Gunung Leuser à Sumatra. L’Indonésie a cette année mis en oeuvre un moratoire sur les nouvelles concessions accordées pour l’abattage de bois et les plantations. les résultats en sont mitigés.  Photo de Rhett A. Butler.
Autrefois, c’était une forêt tropicale et maintenant c’est une plantation d’huile de palme: cette plantation en monoculture se situe près du Parc national de Gunung Leuser à Sumatra. L’Indonésie a cette année mis en oeuvre un moratoire sur les nouvelles concessions accordées pour l’abattage de bois et les plantations. les résultats en sont mitigés. Photo de Rhett A. Butler.

L’Indonésie a finalement adopté son moratoire tant annoncé sur les nouvelles concessions accordées pour l’abattage de bois et les plantations dans des zones de tourbières et de forêts primaires mais ce moratoire a été beaucoup moins consistant que prévu, reflétant l’influence que possèdent les habituels lobbies du secteur forestier sur le gouvernement indonésien (ces mêmes lobbies ont aussi intensifié la pression sur les groupes écologistes). Le moratoire comportait de substantielles lacunes et comprenait des exclusions pour l’ industrie agricole et minière. Mais l’adoption du moratoire finalement a été le refle de l’engagement apparemment accrû du Président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono à réduire la déforestation. Le Président Susilo Bambang Yudhoyono a vanté la 7ème de ses initiatives sur 26, laquelle vise une croissance économique de 7% par an et une réduction de 26% des actuelles émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020. Réduire la déforestation et la dégradation des tourbières est le pièce maîtresse de son action en faveur d’un développement à faible taux d’émission de carbone. Pendant ce temps, un important producteur d’huile de palme a rompu les rangs et a fait un courageux pas en avant : la Golden Agri Resources (GAR) qui avait été la cible d’une forte campagne de Greenpeace a annoncé l’une des politiques forestières les plus progressistes dans le secteur de l’huile de palme en s’engageant à ne pas développer des terres dont l’emmagasinement du carbone serait supérieur à 35 tonnes par hectare et en promettant de rechercher “un consentement libre et préalablement informé” lors des négociations avec les communautés. Les défenseurs de l’environnement espéraient que d’autres compagnies forestières suivraient l’exemple de GAR. Cependant, le gouvernement indonésien a déclaré qu’il reconnaîtrait, respecterait et protégerait les droits des usagers traditionnels des forêts, y compris les autochtones, une avancée que la société civile estime être la clé de la réduction de la déforestation. Et enfin, des groupes écologistes ont intensifié la pression sur les compagnies de pâtes à papier et les compagnies papetières liées à la la destruction à grande échelle des forêts tropicales et des tourbières de Sumatra.



Fusion de réacteurs nucléaires à Fukushima (Hance)

Le 11 mars, une tragédie a frappé le Japon sous la forme d’un tremblement de terre de 9° sur l’échelle de Richter et d’un tsunami pratiquement sans précédent dans l’histoire humaine récente. Plus de 15 000 personnes ont péri tandis que des villes entières ont été décimées par le pire tremblement de terre dans l’histoire du Japon. Mais le désastre immédiat n’a pas été le seul problème. Le tremblement de terre a aussi conduit à la fusion des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima, la plus grave catastrophe nucléaire depuis Chernobyl. Aujourd’hui, en raison de la fusion des réacteurs nucléaires, quelques 90 000 personnes sont déplacées et des villes japonaises entières sont vides. Les experts ont annoncé que des centaines de personnes pourraient bien mourir de cancer en lien avec l’exposition aux radiations. La catastrophe a eu aussi des conséquences mondiales et a poussé de nombreux pays à reconsidérer l’énergie nucléaire, l’Allemagne en étant l’exemple le plus notable. Certains avertissent du fait que la catastrophe pourrait aggraver les changements climatiques si l’énergie nucléaire est progressivement supprimée au profit des combustibles fossiles au lieu d’énergies renouvelables. D’autres arguent que laisser tomber le nucléaires pour les énergies renouvelables pourrait conduire à une révolution, celle des énergies vertes. Depuis cette catastrophe, le Japon a promis d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables car cela contribue à réduire sa dépendance à l’énergie nucléaire.




L’extinction frappe les rhinocéros (Hance)

Gros plan d’un rhinocéros du Vietnam pris par piège photographique avant que les derniers individus n’aient été tués par les braconniers. Photo publiée avec l’aimable autorisation de la  WWF.
Gros plan d’un rhinocéros du Vietnam pris par piège photographique avant que les derniers individus n’aient été tués par les braconniers. Photo publiée avec l’aimable autorisation de la WWF.

Cette année, il a été confirmé l’extinction de deux rhinocéros: le rhinocéros du Vietnam (Rhinoceros sondaicus annamiticus) et le rhinocéros noir occidental (Diceros bicornis longipes). Le dernier rhinocéros du Vietnam, une sous-espèce du rhinocéros de Java, a été tué par des braconniers en 2009 tandis que les derniers rhinocéros noirs occidentaux, une sous-espèce du rhinocéros noir, ont été abattus au Cameroun. En plus de ces pertes tragiques, l’Afrique du Sud, qui est l’actuel épicentre du braconnage de rhinocéros, a battu un nouveau record cette année en ce qui concerne le nombre de rhinocéros tués par les braconniers: d’ici la fin de l’année, il est probable qu’environ 460 rhinocéros auront été tués, une augmentation de près de 50% par rapport au précédent record établi l’an dernier. La liste rouge de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature classe trois des cinq espèces de rhinocéros – le noir, celui de Java et celui de Sumatra – en danger critique. Les rhinocéros sont en train d’être décimés par des criminels organisés et violents pour le marché noir du commerce des médicaments bien que de nombreuses études aient montré que la corne de rhinocéros n’avait pas de propriétés médicinales en dehors de l’effet placebo.



Signaux mitigés du Brésil en matière de déforestation (Butler)

Le Brésil a annoncé qu’en matière de déforestation, la perte forestière en 2010-2011 était tombée à son plus bas niveau depuis 1988 – date à laquelle avait été commencée une tenue de comptabilité des taux – et que celle-ci s’inscrivait dans la tendance d’inflexion amorcée depuis trois ans. Mais l’enthousiasme suscité par la nouvelle a été tempéré par d’autres développements qui pourraient accroître les risques pour l’Amazonie. En décembre, le Sénat a voté la révision du vieux Code forestier du pays, une manoeuvre crainte par les défenseurs de l’environnement dans la mesure où elle pourrait provoquer une déforestation. Le Code forestier existant, lequel n’est vraiment pas opérationnel par manque d’une application constante, requiert des propriétaires terriens de conserver 80% de couverture forestière sur leurs propriétés. Le nouveau Code, qui sera soumis à un vote final en février ou mars avant d’être approuvé par le Président Dilma Rousseff, devrait maintenir ce chiffre global de 80% en Amazonie mais accorder l’amnistie pour la déforestation illégale opérée jusqu’en juillet 2008 sur des propriétés allant jusqu’à 400 hectares (ou 1000 acres) (certains écologistes craignent que la date limite fixée évolue à l’avenir). Le nouveau Code forestier devrait suspendre aussi les amendes – fondement de l’application de la loi – et assouplir les restrictions sur l’abattage forestier le long des fleuves et sur les sommets montagneux. Autre grand développement en 2011, la décision prise de faire avancer le barrage de Belo Monte, un projet qui devrait bloquer une grande partie des eaux du puissant fleuve Xingu, inonder plus de 40 000 hectares de forêts tropicales et déplacer des milliers d’autochtones. Chose plus inquiétante relativement à Belo Monte c’est qu’il pourrait servir de précédent à de futures projets d’infrastructure à grande échelle en Amazonie. Par exemple, un juge fédéral a décrété en novembre que les communautés affectées n’avaient pas droit à une consultation libre, préalable et informée sur ce projet. Pendant ce temps, les compagnies brésiliennes ont continué d’investir dans des projets conduisant à une déforestation à grande échelle dans d’autres pays d’Amazonie, parmi lesquels on peut citer des barrages, l’exploration énergétique, des développements industriels agricoles et de nouvelles routes, ce qui donne à penser que, bien que la déforestation ait décliné ces dernières années, il pourrait y avoir une brèche en la matière chez les pays voisins. Ces nouvelles relatives à l’investissement dans des infrastructures et à leur développement nous sont parvenues en même temps que celles d’une série d’assassinats d’éminents militants s’opposant à l’abattage de bois illégal par des propriétaires de ranchs et des bûcherons en Amazonie. Enfin, on a pu constater que certains acteurs du secteur privé continuaient à se sentir concernés par le fléau de la déforestation jusque dans leurs chaînes d’approvisionnement. JBS-Friboi, le plus grand transformateur de viande au monde, a annoncé qu’il cesserait d’acheter du boeuf provenant de ranchs associés à l’exploitation de la main-d’oeuvre et à la déforestation illégale dans l’Amazonie brésilienne tandis que plusieurs banques ont intenté une action en justice pour non-respect des garanties d’emprunt conçues pour empêcher l’utilisation des finances publiques à des fins de subventionnement de la déforestation.



Sécheresse et famine en Afrique de l’Est (Hance)

Une éprouvante sécheresse en Afrique de l’Est, probablement exacerbée par les changements climatiques, a menacé plus de 13 millions de personnes cette année. La crise s’est avérée pire en Somalie, étant alimentée par les échecs du gouvernement et par le groupe islamiste al-Shabab. Les Nations Unis ont déclaré une situation de famine dans cinq zones de la Somalie, celle-ci ayant atteint son paroxysme; la famine a poussé des centaines de milliers de réfugiés à se rendre au Kenya voisin et a entraîné la mort d’environ 30 000 enfants âgés de moins de cinq ans. Cette famine a été la première déclarée par les Nations Unies depuis celle survenue en Ethiopie en 1984. Il n’y a pas eu de pluies en 2010 et celles-ci ont été erratiques en 2011 dans la région, avant la crise. La sécheresse est un évènement récurrent en Afrique de l’Est et les communautés se sont depuis longtemps adaptées à ces conditions, toutefois, les experts affirment que les récentes sécheresses se sont aggravées en raison des changements climatiques. Malheureusement, les modèles climatiques concernant les précipitations dans la région évoquent deux scénarios différents: certains modèles ont prédit une hausse des précipitations tandis que d’autres une baisse. Toutefois, même si l’Afrique de l’Est connaissait une hausse plutôt qu’une baisse des précipitations, cela surviendrait probablement sous forme de plus importantes trombes d’eau – d’inondations en un mot – plutôt que sous forme d’une bonne pluie comme en ont besoin les communautés. Bien que la pluie ait fait son apparition dans la Corne de l’Afrique, la pénurie alimentaire continue en d’autres partie de ce continent vulnérable: les Nations Unies ont récemment averti du fait que la crise alimentaire pourrait survenir au Sud du Soudan et au Niger en 2012.




Les requins sont en progression dans le monde entier (Hance)


Le requin océanique à aileron blanc (Carcharhinus longimanus) est répertorié comme vulnérable par la liste rouge de l’Union internationale pour la Protection de la Nature. L’espèce a chuté de plus de 90% dans le Golfe du Mexique. Photo de Peter Koelbl.

En terme de conservation de la faune et de la flore, l’année 2011 a été l’année des requins. Décimés en raison de la surpêche, de la prise accessoire et pour leurs ailerons, certaines populations de requins ont chuté de plus de 90% et, selon la liste rouge de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature, près d’1/3 des requins et des raies sont actuellement menacés d’extinction. Toutefois, cette année pourrait bien marquer un renversement de tendance pour les requins. Les bonnes nouvelles ont commencé à arriver fin 2010: avec l’adoption par le Sénat américain de la législation interdisant la pêche des requins dans toutes les eaux territoriales des Etats-Unis. La pêche aux requins uniquement entreprise pour leurs ailerons et la réalisation d’une soupe a entraîné la mort de près de 73 millions de requins par an, d’après une estimation. Pendant ce temps, les sanctuaires de requins (lieux où la pêche aux requins n’est pas autorisée) se sont multipliés partout:les Palaos ont créé leur premier sanctuaire en 2009 tandis que les Maldives et les îles de Raja Ampat en Indonésie ont suivi leur exemple en 2010. Puis, en 2011, les sanctuaires de requins ont déferlé: le Honduras est devenu le premier pays des Amériques à en créer un, suivi peu après par le Chili et les Bahamas; puis, Tokelau dans le Pacifique a décrété que ses eaux seraient désormais un sanctuaire, lequel s’étend sur une zone totale plus grande que le Mexique. Des progrès n’ont pas seulement été faits en terme de sanctuaires. En 2010, Hawaï a interdit la soupe d’ailerons de requins et fin 2011, la Californie en a fait de même. Prochaine initiative en faveur des requins? Taïwan a annoncé la première interdiction en Asie de pêche aux requins pour leurs ailerons dans ses eaux qui sera en vigueur en début d’année prochaine.




Des conditions climatiques extrêmes sur toute la planète (Hance)

Une nouvelle année signifie de nouveaux violents assauts météorologiques, lesquels sont de plus en plus liés aux changements climatiques. L’année dernière, on a enregistré une vague de chaleur en Russie, une sécheresse en Amazonie et des inondations records en Amérique du Sud et au Pakistan pour ne citer que ces zones. Cette année, les Etats-Unis ont souffert d’un nombre record d’évènements météorologiques extrêmes, lesquels ont coûté chacun plus d’1 milliard de dollars. L’un des plus notoires est la sécheresse au Texas, sans égal depuis 1789. La Thaïlande a subi la pire catastrophe naturelle de son histoire via une inondation dûe à une mousson sans précédent. Toutefois, un cyclone tropical qui a frappé les Philippines a fait plus de morts qu’aucune autre tempête cette année: plus de 1000 personnes. L’absence de pluie dans la Corne de l’Afrique a menacé 13 millions de personnes de pénurie alimentaire et a fait basculer la Somalie déjà instable dans la famine, faisant des dizaines de milliers de morts. La sécheresse a aussi frappé la Chine tandis que des inondations sont survenues ici et là en Amérique centrale et en Amérique du Sud ainsi qu’en Asie. Pendant ce temps, un rapport du Panel intergouvernemental sur les changements climatiques (IPCC) a constaté qu’il y avait 66% de probabilités pour que les changements climatiques contribuent déjà à empirer les conditions météorologiques extrêmes. Alors que le monde continue à se réchauffer ,les scientifiques prédisent que de telles conditions météorologiques extrêmes ne feront que devenir plus fréquentes et plus terribles.




Sept milliards de personnes (Hance)

Fillette à Madagascar où 70% des enfants souffrent de malnutrition. Avec une croissance démographique en forte progression, 45 % des Malgaches ont moins de 14 ans. Photo de Rhett A. Butler.
Fillette à Madagascar où 70% des enfants souffrent de malnutrition. Avec une croissance démographique en forte progression, 45 % des Malgaches ont moins de 14 ans. Photo de Rhett A. Butler.

A la fin des années 1960, lorsque les enfants du baby boom atteignirent l’âge adulte, la planète fut gratifiée du chiffre incroyable de 3,5 milliards de personnes. Ce chiffre record représentait le point culminant de millions d’années d’expansion humaine sur presque tous les environnements de la Terre. Un peu plus de 40 ans plus tard, – avec des enfants du baby boom en âge de prendre presque leur retraite – la population humaine mondiale a doublé. Selon les Nations Unies, on a célébré cette année pour la première fois le chiffre de 7 milliards d’habitants sur Terre. L’ impact en est incontestable: gonflement des villes, disparition des forêts, présence de l’humanité révélée par les lumières clignotantes et prise en photo par les satellites chaque nuit. Qu’impliquent sept milliards d’individus? Ceci implique deux fois plus de nourriture, de vêtements, de logements et d’éducation qu’avant 1970. Cela implique de s’occuper des changements climatiques, de l’extinction massive, d la déforestation et de la pauvreté en un monde où la population humaine continue de croître. Cela implique de cultiver davantage sur la même terre, d’accroître l’eau douce et de voir la Nature vierge continuer de décliner. Cela implique d’ajouter de la pression sur tous les écosystèmes de la Terre depuis les abysses jusqu’aux zones les plus éloignées d’Amazonie et jusqu’aux glaciers du Groënland. Compter sept milliards d’individus, cela nécessite des solutions créatives, innovantes voire parfois folles aux problèmes mondiaux. Bien sûr, on pourrait aussi s’occuper de manière frontale du problème de la surpopulation: certaines méthodes ont fait leurs preuves comme le fait de donner du pouvoir aux femmes et de fournir une meilleure éducation, un accès universel aux contraceptifs et aux plannings familiaux, comme la réduction de la pauvreté, l’atténuation de la mortalité enfantine – en plus des méthodes non draconiennes et non obligatoire apportant elles aussi des bénéfices supplémentaires aux communautés et au monde.






Mentions honorables



Durban établit une “carte routière” (Hance)

Pour les optimistes, l’accord signé lors de la 17ème Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) à Durban, en Afrique du Sud s’est révélé être une bonne surprise: le Protocole de Kyoto existe encore; pour la première fois, 100% des émissions mondiales feront partie d’un ultérieur accord en 2020; les participants ont créé un processus pour corriger les lacunes concernant les actuelles émissions; et lors de cette conférence, le Fonds vert qui doit apporter des milliards de dollars d’aide aux changements climatiques aux pays en voie de développement a été finalement approuvé. Pour les pessimistes, Durban a fait partie de ce long chapelet d’actions internationales décevantes en matière de changements climatiques: il ne sera pas signé de nouvel accord avant 2015 et il n’y aura pas de mise en oeuvre avant 2020; il n’y aura pas de réductions obligatoires de la plupart des pays pendant 9 autres années, seulement des promesses; le Fond vert manque de sources de revenus ce qui signifie qu’il ne s’agit que d’une idée sans financement et le programme REDD destiné à sauver les forêts a connu peu de progrès. En matière de science du changement climatique, les chercheurs affirment que les émissions devraient culminer cette décennie et chuter ensuite rapidement si le monde essaie réellement de respecter sa promesse d’empêcher les températures de s’élever de plus de deux degrés Celsius. Conclusion? Si les pays respectent leurs promesses passées et augmentent dans le même temps de manière significative leur ambition en terme de réductions des émissions, si l’argent commence à affluer vers le monde en voie de développement et les pays forestiers et si, enfin, le nouvel accord 2020 n’est pas qu’une grande ambition mais relève d’une réelle volonté, cela pourrait se faire.




Rush vers l’Arctique pour des forages, encore et toujours (Hance)

L’Arctique tel qu’il a été vu par le satellite MODIS de la NASA en juin 2010. Photo de la NASA.
L’Arctique tel qu’il a été vu par le satellite MODIS de la NASA en juin 2010. Photo de la NASA.

Les changements climatiques causés par la combustion des combustibles fossiles font fondre la mer de glace en Arctique, changeant de manière irrévocable le fragile environnement. Il peut donc sembler un peu ironique que la perte de glace entraîne une soudaine poussée de forages afin d’obtenir plus de combustibles fossiles dans le lieu même où les impacts sont les plus graves. Pourtant, c’est exactement ce qui est en train de se passer dans les profondeurs arctiques. Aux Etats-Unis, l’administration Obama a largement donné son approbation pour qu’une vaste étendue de terre soit transformée en site de forage dans les eaux arctiques et ce, en dépit d’une large condamnation des défenseurs de l’environnement et des communautés autochtones du grand Nord. Beaucoup d’entre eux annoncent par ce seul fait l’arrivée d’une catastrophe dans les eaux profondes de l’Arctique. La Russie et la Norvège sont en train de se partager la mer de Barens à des fins d’ exploitation. Ce rush pour forer n’a pas été sans connaître des protestations: Greenpeace a mené une audacieuse campagne de désobéissance civile dans la glaciale Baie de Baffin cette année contre la compagnie d’énergie écossaise Cairn lors du forage d’exploration en haute mer. Greenpeace a pu faire arrêter les opérations de Cairn pendant deux jours et le responsable de Greenpeace, Kumi Naidoo, a été arrêté alors qu’il essayait de monter sur la plateforme pétrolière de Cair pour remettre sa lettre de protestation. Outre le fait que davantage de combustibles fossiles vont brûler, les détracteurs des forages en Arctique affirment qu’une marée noire serait pratiquement impossible à nettoyer étant donné les difficiles conditions et le complet manque d’infrastructures; que les compagnies minières feraient face à des températures en dessous de zéro, à des mouvements de la glace, à de farouches tempêtes et que, par ailleurson devrait cesser de s’occuper de la marée noire durant le long et sombre hiver arctique. Alors que Greenpeace n’a pas réussi dans ses efforts à vaincre Cairn, l’Arctique, oui: la compagnie pétrolière a dépensé plus de 600 millions de dollars à forer inutilement des puits.


La route du Serengeti toujours d’actualité (Hance)

En dépit de la confusion ambiante et des signaux mitigés, le gouvernment tanzanien planifie encore la construction de la route extrêmement controversée à travers le Parc national du Serengeti. En juin, le Ministre tanzanien des Ressources naturelles et du Tourisme a publié une déclaration affirmant que la route “ne couperait pas le Parc national du Serengeti,” apportant soulagement et joie aux opposants à la route dans le monde entier. Cependant, dès juillet, il est apparu clairement que le gouvernement tanzanien planifiait encore la construction d’une route mais la voie à travers le parc serait en gravillons et non goudronnée. Toutefois, les observateurs ont toujours argué qu’il ne s’agissait que d’une question de temps avant qu’une quelconque route ne soit améliorée et élargie, devenant une route commerciale depuis la mer jusqu’au coeur du pays. Les scientifiques pensent que la route handicapera finalement la plus grande migration au monde de gros animaux – deux millions de gnous, de zèbres et de gazelles de Thomson passent le long de cette route dans leur migration annuelle de la Tanzanie au Kenya—et ruinera le tourisme régional. La Tanzanie a affirmé que cette route est nécessaire pour aider à relier les communautés pauvres. Le gouvernement allemand a pourtant offert de construire des routes communautaires. Les critiques, quant à eux, affirment que la construction de cette route a pour vrai but de fournir un raccourci à l’exportation des minerais. Des ONG et des gouvernements inquiets ont fait pression sur la Tanzanie pour qu’elle réexamine le projet de construction de la route, laquelle passerait au sud et contournerait tout à la fois le Parc national du Serengeti alorss que d’autres ont suggéré d’élever la route afin que les animaux qui migrent puissent passer dessous.


Quitter la version mobile