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Le pauvre Malgache voit sa pêche pillée pour la consommation étrangère

Une famille malgache aidant  le père à porter son bateau pour aller pêcher. Photo prise par Rhett A. Butler.
Une famille malgache aidant le père à porter son bateau pour aller pêcher. Photo prise par Rhett A. Butler.


Selon une étude récente publiée dans Marine Policy, la surpêche pourrait aggraver la pauvreté et la stabilité politique de l’un des pays les plus pauvres du monde : Madagascar. Selon cette étude, la pêche dans la Grande île s’élèverait au double des chiffres officiels donnés durant la période s’étalant de 1950 à 2008, et les pays étrangers prospères emporteraient la moitié du butin.



« La pression croissante qu’exerce les communautés locales de pêcheurs ainsi que la demande du marché international pourrait accélérer la tendance à la baisse observée dans l’industrie de la pêche de Madagascar, » déclare l’auteur principal Frédéric Le Manach, un étudiant diplômé de l’Université de Plymouth au Royaume-Uni.



Les eaux de Madagascar accessibles aux vaisseaux étrangers ont été définies selon des quotas de pêche officiels. Cependant, selon l’étude, ces chiffres ont été artificiellement réduits pendant plus d’un demi-siècle, ce qui a mené à une surpêche considérable dans les eaux malgaches.



« On observe déjà des signes de déclin parmi plusieurs stocks, ce qui suggère que les niveaux actuels de pêche ne vont probablement pas assurer des rendements viables. Ceci a des implications profondes pour la durabilité de la pêche locale, ainsi que pour la sécurité alimentaire dans un pays où la population dépend lourdement de l’océan pour ses besoins en protéines et son mode de vie, » affirme l’étude.



À l’heure actuelle, environ 70 pour cent de la population de Madagascar souffre de malnutrition et deux tiers vit en dessous du seuil de pauvreté international, gagnant moins de 1,25 USD par jour. En plus de cela, le pays a vu sa population croître énormément au 20è siècle. Les officiels estiment que la population est passée de 2,2 million à presque 12 millions dans les années 90. Plus de la moitié de la population est âgée de moins de 20 ans.



« Sécuriser les pêches locales pour une consommation locale serait un atout pour préserver un réel développement économique durable pour le pays » a déclaré Alasdair Harris, scientifique marin malgache, dans un communiqué.



Selon l’étude, 80 000 tonnes d’aliments marins sont prélevées à Madagascar et exportées chaque année, principalement vers l’Europe et l’Asie.



« Cette étude est une autre démonstration des impacts de la surpêche sur la vie humaine dans différentes parties de la terre » a souligné Dirk Zeller, auteur et superviseur du Projet « Sea Around Us « Et pour le cas de Madagascar, la surpêche ne fera pas disparaître les bons plats dans les restaurants chics des pays développés mais menace plutôt la survie de toute une population ».





CITATIONS : Frédéric Le Manach, Charlotte Gough, Alasdair Harris, Frances Humber, Sarah Harper, Dirk Zeller. Pêche non déclarée, population affamée et désordre politique : la recette pour une crise alimentaire à Madagascar ? Marine Policy. Volume 36, Issue 1, January 2012, Pages 218-225.


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