Nouvelles de l'environnement

Un contrôle communautaire plutôt que gouvernemental favorise le rétablissement des forêts, indique une étude



Gain en couverture forestière exprimé en millions d’hectares dans les pays en voie de développement de 1990 à 2010


Une nouvelle étude indique que le fait de donner aux communautés locales un contrôle sur les ressources forestières peut permettre de ralentir et même d’inverser le processus de déforestation.



L’étude qui a été publiée par l’Initiative des Droits et Ressources (RRI) à la veille d’un atelier sur les forêts à Loombok en Indonésie, a analysé les tendances des pays qui ont soit maintenu ou accru le couvert forestier depuis 1990. Elle a constaté que plusieurs facteurs contribuaient au rétablissement des forêt, à savoir: l’expansion des droits communautaires sur la gestion des terres et des ressources; le soutien à des projets de reboisement, de restauration et de reforestation et l’ “ouverture des marchés pour soutenir les pratiques de gestion durable des forêts.”



“L’Etat reste l’acteur prédominant dans les régions forestières mais la tendance à présent émergente d’un contrôle local accru et juridiquement reconnu est extrêmement importante,” a déclaré Andy White, le coordinateur de la RRI. “Ce n’est pas une coïncidence si les pays qui accordent davantage de droits aux communautés et groupes autochtones sont ceux-là mêmes qui progressent vers une gestion plus durable de leurs ressources forestières.”



L’étude de la RRI, intitulée The Greener Side of REDD+: Lessons for REDD+ from Countries where Forest Area is Increasing,”L’aspect le plus écologique du programme REDD+: Leçons à tirer pour le REDD+ des pays où l’espace forestier s’accroît “, semble confirmer l’étude précédente, laquelle suggérait que les communautés forestières — pourvu qu’il leur soit accordé des droits sur les terres et les ressources — sont de meilleures gestionnaires des forêts que ne le sont les gouvernements. Ces conclusions ont des conséquences pour le mécanisme du programme REDD+, lequel vise à indemniser les pays en voie de développement qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation et de la dégradation forestière.



“Avec autant d’attention portée au processus du programme REDD+ en tant que premier instrument d’une réforme de la politique des forêts, nous voulons explorer les autres voies exploitées de manière active par certains pays pour stabiliser et développer leur paysage, forestier ” a déclaré Hosny El Lakany, co-auteur de cette étude et professeur de sylviculture à l’université de la Colombie-Britannique. “De nombreux pays réhabilitent avec succès des terres dégradées et mènent des politiques qui encouragent une approche plus durable en matière de gestion de leurs espaces forestiers. Investir dans des solutions qui ont fait leur preuve est un moyen de compléter le processus du programme REDD+ ou peut-être de le soutenir, celui-ci demeurant très incertain.”




Gain en couverture forestière exprimé en millions d’hectares de 1990 à 2010



Le rapport montre qu’augmenter le contrôle des communautés forestières locales a favorisé la régénération des forêts dans plusieurs pays dont la Chine, le Chili, le Vietnam et l’Inde.



L’étude identifie trois pays où la récente réforme de la propriété foncière pourrait être aussi payante: le Népal, la Thaïlande et le Cambodge . Mais elle note aussi une exception flagrante l’Indonésie.



“Entre 2002 et 2008, les données du gouvernement ont montré que l’Indonésie accroissait sa mainmise sur les terres forestières tout en réduisant la taille de celles réservées aux communautés et peuples autochtones ” a déclaré la RRI.



Le rapport était néanmoins optimiste quant aux plus récents développements en Indonésie.



“Il y a des signes encourageants indiquant que l’Indonésie est prête à changer d’orientation. Ces dernières années, le gouvernement a joué un rôle actif en s’efforçant davantage d’atténuer les changements climatiques et d’améliorer sa politique ainsi que son cadre juridique pour reconnaître les droits de propriété communautaires et autochtones.” dit-il.



De manière générale, le rapport indique qu’associer des mécanismes basés sur le marché à une régulation et à une réforme du secteur public peut contribuer à renverser ce processus de déforestation.



“Stabiliser le déclin des forêts tropicales et même inverser le processus requièrent qu’un certains nombre de choses surviennent simultanément,” a déclaré White. “Mais nos analyses montrent que les gouvernements doivent, de manière fondamentale, considérer leurs forêts comme un héritage leur offrant de nombreux bénéfices , lesquels se doivent d’être partagés de manière large. S’ils considèrent leurs forêts comme des obstacles au développement ou comme des sources de richesse personnelle, alors, ils courent à leur ruine.”



Quitter la version mobile