Nouvelles de l'environnement

Plus biodiversité égale eau plus saine, comment l’expliquer ?

Une nouvelle étude démontre comment une biodiversité plus grande élimine plus efficacement les polluants dans les eaux douces.


Cette étude historique non seulement prouve qu’augmenter des d’espèces dans un ruisseau d’eau douce améliore la capacité de l’écosystème à éliminer les polluants, mais en donne également les raisons. Publiée dans Nature l’étude révèle que l’augmentation de la biodiversité dans un mini ruisseau recrée en laboratoire en passant d’une espèce d’algues à huit, a permis à l’écosystème d’absorber le nitrate polluant 4,5 fois plus vite que la moyenne.


Pour mener l’expérience, les chercheurs ont utilisé du plastique pour créer 150 mini modèles de ruisseaux. En moulant le plastique, ils ont recrée des habitats semblables aux ruisseaux tels que des piscines, des courants et des remous. Différentes espèces d’algues ont gravité vers des mini habitats bien précis, créant ainsi des niches égologiques spéciales et facilitant l’utilisation d’une plus grande partie du ruisseau par les algues pour l’absorption du nitrate polluant. Une faible utilisation des habitats disponibles a abouti à des rivières plus sales et vice-versa.


” Au fur et à mesure que les différents habitats d’un ruisseau se remplissent de populations diverses d’algues, cela augmente la biofiltration totale du ruisseau, explique le principal auteur, Bradley Cardinale de l’Université du Michigan. “C’est comme si les algues fonctionnent comme de meilleures éponges ».


Algae similar to those used in the study. Photo by: Danuta Bennett.
Des algues semblables à celles utilisée dans l’étude. Photo de: Danuta Bennett.

Cette étude constitue une avancée dans la découverte des processus exacts à travers lesquels l’augmentation de la biodiversité améliore l’efficacité et la richesse des écosystèmes. Le secret, selon Cardinale, est d’utiliser plusieurs niches dans un écosystème complexe.


“D’aussi loin que les écrits de Darwin les chercheurs soutenaient que les espèces devraient avoir des niches particulières et que l’on observerait, par conséquent, une division du travail dans l’environnement. Cependant, démontrer directement ces théories s’est révélé très difficile. Aussi, l’une des contributions majeures de cette étude est qu’elle a permis de présenter le mécanisme et de démontrer pourquoi les ruisseaux qui contiennent plus d’espèces éliminent plus facilement les nutriments polluants de l’eau. »


Le nitrate est un polluant riche en nutriments qui, issu des fertilisants utilisés dans l’agriculture et des eaux usées, pénètre dans les habitats d’eau douce.


Dans la pratique, la conservation de la biodiversité des eaux douces améliorerait, de manière pratique, la qualité de l’eau, déclare Cardinale. En préservant par exemple les ruisseaux qui alimentent les zones d’eau douce concernées telles que le bassin versant de Chesepeake Bay et les Grands Lacs aux Etats-Unis l’eau redeviendrait salubre.


Bien que l’étude soit porteuse de bonnes nouvelles démontrant encore une fois l’importance de la biodiversité, elle conduit malheureusement à une conclusion peu encourageante. En effet, Cardinale déclare que « la perte de la biodiversité à travers l’extinction des espèces, pourrait compromettre la capacité de la planète à s’auto nettoyer après nous ». Il ajoute que son étude s’inscrit « dans la lignée grandissante de preuves scientifiques […] qui démontrent que l’extinction massive moderne des espèces affectera l’humanité de manière considérable ».


Plus inquiétant encore, les espèces des eaux douces semblent plus exposées aux dangers que leurs semblables terrestres et océaniques. En effet, une étude menée en 2009 a révélée que ces espèces sont vraisemblablement les plus menacées de la terre car leurs taux d’extinction sont quatre à six fois plus élevés que ceux des espèces terrestres et marines.


“Si nous les conservions les ruisseaux dans leur état diversifié naturel, ces ruisseaux que nous aimons pour leur récréation, leur beauté, la pêche, etc. offriraient l’avantage supplémentaire d’assainir nos eaux pour nous », confie Cardinale à Reuters, Il ajoute que « si nous laissons la nature faire son travail, nous n’aurons plus besoin de courir dans tous les sens pour créer de coûteuses centrales de purification d’eau dans toute la planète ».


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