Les revenus en provenance des forêts et d’autres écosystèmes génèrent une part significative des revenus des ménages dans les pays en voie de développement, conclut une enquête menée pendant 6 ans sur 8000 familles en 60 lieux et 24 pays.
L’étude qui sera publiée par le Réseau Pauvreté et Environnement a constaté que les revenus tirés de l’utilisation des forêts expliquaient plus de 20% des revenus des ménages ruraux dans les lieux ayant fait l’objet de l’enquête. Le revenu environnemental (forêts et autres) représente plus d’un quart des revenus des familles sondées. Chose surprenante, l’étude a constaté que la part des revenus tirés de l’utilisation des forêts ne variait pas avec les niveaux de revenus.
“Les études précédentes ont mis l’accent sur l’importance toute particulière qu’ont les revenus forestiers pour les ménages les plus pauvres. Une conclusion surprenante de ce projet c’est que, dans l’ensemble, la dépendance forestière (définie comme la part des revenus forestiers dans les revenus totaux d’un ménage) varie apparemment peu avec les niveaux de revenus. D’où les revenus forestiers ne concernent pas que les pauvres mais tous ceux qui vivent en ces lieux,” a déclaré Arild Angelsen, un chercheur confirmé du CIFOR (Centre pour la recherche forestière internationale) qui a coordonné l’étude.
L’étude a constaté que le bois de chauffe constituait vraiment le plus important produit forestier, expliquant en moyenne un cinquième des revenus forestiers des familles sondées. Le bois de construction — à 10% — était le second plus précieux produit, suivis de la récolte des produits des forêts secondaires tels que les fibres, les aliments et les plantes médicinales.
Chose plus intrigante néanmoins, l’étude a constaté une forte corrélation entre les revenus et la déforestation.
“Nous avons constaté une forte corrélation entre les revenus et la déforestation. Dans chaque lieu, en moyenne le un cinquième des ménages aux plus hauts revenus (soit les 20% plus riches) déforestent 30% plus que le un cinquième des ménages aux plus bas revenus (soit les 20% plus pauvres),” a déclaré Angelsen, qui est aussi professeur à l’Université norvégienne des Sciences de la vie. “Il y a une tendance encore plus forte à un abattage plus élevé de forêts dans les lieux les plus riches. Si nous examinonscette déforestation au niveau régional, les taux ont été beaucoup plus élevés dans les études d’Amérique Latine, laquelle a compté aussi quelques-uns des ménages les plus riches de l’échantillon. Dans l’ensemble, les résultats n’étayent pas l’hypothèse que la pauvreté conduit à la déforestation.”
L’étude a collecté des données sur les revenus au travers de quatre enquêtes trimestrielles. Les lieux étudiés selon le CIFOR ont été sélectionnés “afin d’obtenir une couverture largement représentative des différentes régions géographiques, des types de forêts, des régimes fonciers forestiers, des niveaux de pauvreté, de l’accès aux infrastructures et aux marchés et de la densité de population.”