Pour respecter son engagement à respecter les principes de durabilité établis par la Table Ronde pour une Huile de Palme Durable, une société indonésienne productrice d’huile de palme a rétrocédé une partie de sa concession aux communautés qui, traditionnellement, utilise cette terre. Par ce geste elle se conforme à une nouvelle procédure qui pourrait réduire les conflits entre les producteurs d’huile rouge et les communautés dépendantes de la forêt.
La société, PT Agro Wiratama, succursale du groupe Musim Las, rétrocèdera 1000 des 9000 hectares que compte sa concession située à l’ouest du Kalamata (île de Bornéo, Indonésie) à la communauté. Cette décision est le résultat direct de l’adhésion d’Agro Wiratama au RSPO qui exige maintenant des entreprises membres qu’elles annoncent publiquement leurs plans d’expansion. Cette condition vise à permettre aux organisations de la société civile et aux communautés locales de déposer des plaintes et négocier avec les producteurs avant le début de nouvelles activités. Jusqu’à présent, l’expansion des plantations d’huile de palme a souvent conduit à des conflits sociaux entre les utilisateurs traditionnels des forêts — très souvent les populations locales et les petits fermiers — et les sociétés à qui le gouvernement octroient des concessions (en Indonésie, la majorité des terres forestières appartient à l’Etat quels que soient leurs véritables utilisateurs).
L’huile de palme est désormais indiquée sur quasiment la moitié des emballages des aliments transformés, y compris sur les Girl Scout cookies. Son rendement élevé fait de l’huile de palme un substitut moins coûteux que les autres huiles végétales. Pour réduire les coûts, certains fabricants de confiserie utilisent l’huile de palme à la place du beurre de cacao dans leur chocolat au lait. Photo de Rhett A. Butler |
“Ce geste marque une avancée dans le contexte actuel où la tendance est à créer de vastes plantations d’huile de palme de millions d’hectares sans le consentement des populations indigènes,” déclare Marcus Colchester, Directeur de Forest People Programme. « Nous avons rendu public les plans de PT Agro Wiratama d’ouvrir cette zone sur le site web de la RSPO et avons pu alerter nos partenaires à Bornéo », ajoute-t-il.
Forest People Programme révèle que Gemawan, une ONG indonésienne, a alerté les populations locales sur les plans de la société, leur permettant ainsi de négocier avec les autorités locales, l’entreprise et la RSPO. Le butapi, le chef de la municipalité, a récemment signé officiellement l’accord. Le reste de la communauté a été informé des détails la semaine dernière.
“Notre communauté essaie tant bien que mal depuis longtemps de s’opposer à l’installation de sociétés productrices d’huile de palme dans notre village », déclare Azim Kitung, Chef du Village Jaya.
“Nous sommes très contents que notre terre soit protégée maintenant car nous pouvons maintenant décider nous-mêmes de nos vies. Nous demandons maintenant à toutes les autres parties impliquées dans cette décision de respecter leur engagement,” a ajouté Kamarudin, l’un des chefs de la communauté Kuayan.
Les responsables de Forest Peoples Programme et de Gemawan soulignent que cette décision de PT Agro Wiratama a des implications pour d’autres sociétés productrices d’huile de palme installées dans la municipalité de Sambas. En effet, 17 d’entre elles sont membres de la RSPO.
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« Nous exhortons la RSPO à imposer les mêmes conditions aux sociétés » déclare le responsable de Forest Peoples Programme. ». Conformément aux normes de la RSPO, les entreprises sont tenues de respecter les droits coutumiers des communautés et populations indigènes locales et d’obtenir leur consentement libre, préalable et éclairé avant d’occuper leurs terres. Malheureusement, les lois indonésiennes et les autorités foncières ne reconnaissent pas les droits fonciers de la majorité des communautés. C’est ainsi que des permis sont régulièrement délivrés aux entreprises même si elles empiètent sur les terres vitales pour la subsistance des populations et la préservation de la biodiversité.”
l’Agence Nationale de gestion des Propriétés Foncières à enregistré plus de 3.000 litiges fonciers opposant les producteurs d’huile de palme et les communautés locales en Indonésie.
« Ce qu’il faut c’est une réforme des lois afin que les droits fonciers des populations soient reconnus et protégés » déclare Norman Jiwan de Sawiwatch, un organisme indonésien de surveillance de la production d’huile de palme. « Pour l’instant, nous nous appuyons sur des normes volontaires pour faire respecter les droits de base des populations. Cependant, le gouvernement doit se conformer aux normes internationales des droits de l’homme au lieu d’analyser chaque situation au cas par cas. Dans ce cas en l’occurrence, Musim Mas a agi de manière responsable une fois le problème soulevé, mais malheureusement toutes les entreprises ne sont pas disposées à faire de même.
Avec plus de 8 millions d’hectares de plantation d’huile de palme, l’Indonésie représente plus de 40% de la production mondiale d’huile de palme. Mais le prix à payer sur le plan environnemental est très élevé : des millions d’hectares de forêt et de tourbières ont été dévastés au nom de la production d’huile de palme. Selon les experts environnementaux, l’huile de palme est l’une des plus grandes menaces de la biodiversité en Asie du Sud-Est.
Pour résoudre ce problème, un groupe d’acteurs du secteur s’est réuni en 2004pour créer la RSPO qui fixe des critères dont l’objectif est de réduire l’impact social et environnemental de la production d’huile de palme. C’est ainsi qu’en 2008, les premières cargaisons d’huile de palme certifiée durable ont été expédiées et le label RSPO devrait bientôt apparaître sur les étiquettes des produits alimentaires afin d’assurer les consommateurs que l’huile de palme qu’ils contiennent a été produite de manière responsable.