Nouvelles de l'environnement

La lutte contre l’exploitation illégal des arbres via l’implication des communautés locales dans la gestion des forêts


Un exploitation illégal au bord du parc national de Gunung Palung à l’ouest du Kalimantan sur l’île de Boréno. Ces arbres seront utilisés pour la construction de structures visant à attirer des salanganes qui aident à la préparation d’un mets de Chine sous forme de soupe appelé « nid-d’hirondelles ».


Lors des vingt dernières années, l’Indonésie a perdu plus de 24 millions d’hectares de forêt, une surface plus grande que celle des Royaumes-Unis. La plupart de la déforestation a été conduite par l’exploitation pour le marché extérieur. Selon la Banque Mondiale, une proportion considérable de cet exploitation serait illégale.



Alors que le taux de déforestation a plongé depuis la fin des années 90, l’exploitation illégal reste un problème en Indonésie. Ce problème est d’ailleurs considéré comme l’un des plus grands défis de l’Indonésie en atteignant les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre promis par le Président Susilo Bambang Yudhoyono: en 2009, le Président Indonésien a promit de réduire unilatéralement les projections de gaz à effet de serre émises par le pays de 26% pour 2020.



La déforestation en dehors du parc national de Gunung Palung dans l’ouest du Kalimantan. Cette forêt a été abattue pour son bois qui a ensuite été brûlé. Elle sera plantée avec du plastique. Photo prise par Rhett Butler en mars 2011.

Réduire l’exploitation illégal peut paraître simple: mettre en place plus de police forestière afin de mener plus de patrouilles, renforcer les amendes, engager des poursuites ou tout simplement mettre en place un système de traque du bois issu de l’exploitation illégal. Mais au cœur de ce problème se trouve quelque chose de plus fondamental: la législation indonésienne des terrains. L’Etat possède le plus gros des forêts indonésiennes, et en a distribué de larges concessions — souvent des dizaines de milliers d’hectares — à des entreprises d’exploitation. Les communautés locales ont été principalement perdantes dans le processus et ont disposé de très peu d’opportunités autrement que celle de récolte de bois. Sans une définition claire de la possession des terres, les communautés ont peu d’avantages à rejeter l’exploitation illégal ou la gestion des forêts sur le long terme. Le modèle — qui a contribué à l’abandon de l’intendance traditionnelle des terres dans beaucoup de régions — a mené à une dévastation de grande envergure des riches forêts indonésienne.



On peut renverser la vapeur? Certains signes l’indiquent. L’indonésie commence à assister à un changement des modèles traditionnels de la gestion des forêts dans certains endroits. Par exemple, la « forêt du peuple » en Java est pour la première fois depuis des générations, en train de repousser. En disposant d’avantages dans la gestion des forêts, les communautés de Java ont intérêt à voir la forêt se reconstituer.



Telapak, une organisation membre qui dispose de bureaux sur plusieurs îles indonésienne, comprend bien le problème. Elle incite l’exploitation communautaire comme la nouveau gestion des forêts indonésiennes. Telepak considère que la gestion communautaire des forêts est la solution pour combattre l’exploitation illégale tout en maintien de moyens de subsistance durables.



Ambrosius « Ruwi » Ruwindrijarto de Télépak. Reproduction de la photo avec la permission de Telepak/La fondation Skoll.

Les intérêts de Telepak dans l’exploitation communautaire est une conclusion de son pladoyer et campagne contre l’exploitation illégal. Après une série de campagnes à forte visibilité — y compris une qui a résulté au kidnap du co-fondateur Ambrosius Ruwindrijarto (“Ruwi”), été torturé par des voyous employés par un baron de l’abattage illégal — Telepak a décidé que la communication ne devait pas simplement se focaliser sur le problème, mais devait aussi apporter des solutions.



Telepak a depuis étendu ses objectifs pour y inclure la sécurisation et la protection de la propriété et gestion communautaires des forêts. La possibilité plus large est en soi plus complexe que le travail de plaidoirie. Telepak doit maintenant travailler pour construire une capacité technique sur le sol, pousser des réformes légales, creuser le niveau politique, et construire des modèles commerciaux pour maintenir et élever la gestion communautaire des forêts. Le chemin promet d’être difficile mais Telepak se développe: ses membres gèrent maintenant plus de 200,000 hectares de forêts à travers Java, Lombok, Sumatra, Kalimantan et Papua. Ils travaillent aussi en dehors du secteur forestier, dans des poissonneries, l’industrie du poisson décoratif et les médias de masse. Tout le long, Telepak poursuit ses efforts de camoagne y compris un récent exposé sur l’exploitation illégal et le développement des plantations de palmiers à huile en Nouvelle Guinée indonésienne: Papua et Papua de l’ouest.



En une série de conversations avec mongabay.com, Ruwi a discuté de l’évolution de Telepak et de ce qu’il faut faire pour protéger et maintenir l’intendance des ressources naturelles de l’Indonésie.




UN ENTRETIEN AVEC LE PRÉSIDENT DE TELEPAK AMBROSIUS RUWINDRIJARTO



mongabay.com: Quel est votre parcours et pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre Telepak?



Ambrosius “Ruwi” Ruwindrijarto de telepak. Permission de la photo de l’institut de Samdhana

Ruwi: J’étais un étudiant actif au sein d’un club d’agriculture de l’université, IPB. Ca a surement été ma plus grande motivation, et avec 5 amis on a entrepris Telepark en 1996. Télépak s’est formé à partir de notre intérêt commun pour la nature et notre désir de continuer à garder notre amitié active après l’université.



mongabay.com: Est-ce que Telepak a commencé comme un groupe activiste?



Ruwi: Telepak a commencé comme fondation, créée par une bande d’amis qui faisaient partie du même club de nature, Lawatala IPB. C’était censé être un groupe activiste centré sur l’étude de la nature et les activités extérieures — un endroit où les amis peuvent entreprendre des activités qu’ils apprécient comme l’escalade, le trekking dans la jungle, l’observation de la nature sauvage. Après sa deuxième année, Telepak a commencé à se centrer sur l’investigation et la communication des forêts. Aidé par USAID et financé par BSP Kemala, un de ses premiers projets a été de créer un réseau et de communiquer sur les concessions de l’exploitation illégale. Le réseau de Telepak d’experts forestiers s’est ensuite focalisé sur l’investigation de l’exploitation illégale, en partenariat avec l’agence d’investigation environementale basée à Londres.



mongabay.com: Votre engagement pour les forêts a réellement été testé pendant l’incident de Tanjung Puting en 1996. Est-ce que vous pouvez nous raconter ce qu’il s’est passé?



Des plantations de palmiers à huile près du parc national de Tanjung Putins au Kalimantan, au Bornéo indonésien. Image satellite avec la permission de Google Earth.

Ruwi: Avec un collègue, Faith Doherty, nous avons été confrontés au groupe de Tanjung Lingga, qui est passé maître dans l’exploitation illégal au sein du parc national de Tanjung Puting, et dans bien d’autres régions du Kalimantan. L’entreprise a employé des voyous pour nous enlever de notre hôtel où nous avons été attaqués et retenus pendant des heures. L’entreprise contrôle la ville entière et ils nous ont donc envoyé à la police, et dans ce cas le département d’enquête criminelle, pensant que ce département de la police locale ferait tout ce que le groupe voulait qu’ils fassent. Mais le département d’enquête criminelle nous a en fait protégés.



Les trois jours qui ont suivis ont été secoués par la violence entre ce département et les autres officiers de police, l’armée et les voyous du groupe. On était retenus au bureau du département parce qu’il était entourré par la foule payée par le goupe. Finalement, on a pu quitter le bureau et on est retourné à Jakarta. Mais seulement après de nombreuses négociations et de pressions de nombreuses personnes de Jakarta aussi influentes que le Ministre de l’Environnement et l’Ambassadeur britannique. Même le Président Gus Dur a été informé et ses remarques sur l’enlèvement et la torture ont été rendues publiques.



mongabay.com: Est-ce que les auteurs du crime ont été punis?



Ruwi: Sugianto qui était l’instigateur principal du groupe, et à la tête de Abdul Rasjid, a été très légèrement condamné par les tribunaux locaux. Il a purgé une peine de quelques mois. Abdul Rasjid n’a jamais été poursuivi. Sugianto a été élu chef du district de Kotawaringin Barat. Sa victoire aux élections est disputée par son adversaire à cause du « financement politique » et la Court Nationale de Justice a annulé l’élection de Sugianto. Mais Sugianto s’est battu et l’affaire est maintenant close. Il est très probable qu’il obtienne la position de toute façon.



mongabay.com: Mais l’incident n’a pourtant pas arrêté Telepak de poursuivre ses investigations?



Ruwi: Oui. Telepak a utilisé l’incident comme un momentum pour élargir l’audience de sa campagne. L’incident a également fournit une opportunité pour Telepak pour exposer les infractions forestières dans toute sa complexité, y compris la faiblesse gouvernementale, la corruption et la violence.



mongabay.com: Quels sont les résultats les plus récents de vos investigations?



Ruwi: Récemment, Telepak a centré ses investigations sur les infractions forestières de Papua. Cela inclut la conversion illégale de forêts en plantations de palmiers à huile, la contrebande de bois depuis Papua aux autres pays, la bonne gestion par rapport aux forêts et à la gestion des terres.



Communauté forestière




mongabay.com: Pourquoi avez vous mis en place le service communauté forestière de Telepak?



L’exploitation illégale dans le parc national de Gunung Palung à l’ouest du Kalimantan. Le bois est traffiqué par un baron local de la ville de Ketapang. Photo prise par Rhett Butler en mars 2011.

Ruwi: En 2006, nous en sommes venus à la conclusion qu’il fallait résoudre l’autre part du problème: la foresterie et la déforestation. Alors que l’on avait toujours été très fort dans l’investigation, la communication et les plaidoyers, on sentait qu’il nous fallait promouvoir un contre-argument, une solution, qui dans ce cas est le paradigme d’une nouvelle forêt durable basée sur la communauté. On l’appelle l’exploitation communautaire parce que ça confronte directement l’approche actuelle qui consiste à l’Etat de clamer être propriétaire des forêts pour ensuite les passer à des concessions industrielles d’exploitation qui les tourneront en plantation ou en exploitations minières. Cette année, Telepak a lancé une campagne « de l’exploitation illégal à l’exploitation communautaire ». On pense que pour combattre l’exploitation illégal et destructif, il faut créer une exploitation communautaire où le bois, que vous le vouliez ou non, est le produit principal de nos forêts. Après tout, c’est le bois qui a créé le problème au départ. C’est le produit recherché par ces concessionnaires, par les développeurs de plantation. Tout le monde sait en Indonésie que les projets de plantation de palmiers à huile sont juste une couverture pour avoir la licence nécessaire pour récolter du bois.



En se frayant un chemin avec sa nouvelle campagne, Telepak s’est appuyé à la fois sur son expérience pratique d’une communauté forestière réussie de la coopérative Hutan Jaya Lestari au sud est du Sulawesi et de quelques autres, d’un corpus de connaissances en développement et des discours des communautés forestières qui ont été mises en place il y a longtemps en Indonésie. La foresterie sociale ou les communautés forestières qui ont été pratiquées depuis longtemps en Indonésie ont été aidées depuis des décennies par des ONG, des communautés bienfaitrices, ou même des agences gouvernementales.



mongabay.com: Comment foncionne le modèle?



Ruwi: As we want to mainstream community logging as the new forest management regime in Indonesia, we are trying to simplify the model into the following phases:



Permission de l’image de Telepak

1. Sécuriser et/ou protéger la communauté locale via la gestion des forêts par les indigènes.



2. L’investissement social en organisant une coopérative ou en une autre institution qui deviendra propriétaire et gèrera la forêt, fondée sur une grande prise de conscience et une capacité locale.



3. Un investissement technique sous forme d’un répérage préparatoire, développement d’un plan de gestion des forêts, et d’autres capacités communautaires légales.



4. Investissement commercial qui est fondé sur un concept de la propriété communautaire de l’équipement et de ses aspects ecologico-socio-culturels.



mongabay.com: Est-ce que les communautés sont satisfaites de l’opportunité de gagner des revenus légitimes au lieu de s’appuyer sur l’exploitation illégale?



Ruwi: Oui, il s’agit non seulement de revenus légaux mais aussi de bénéfices non monétaires, comme un meilleur statut sociale, une estime de soi, une bonne citoyenneté, et biensûr des bénéfices environnementaux comme les services de l‘écosystème: protection des nappes fréatiques, préservation de la biodiversité et d’autres encore.



mongabay.com: Est-ce que les entreprises d’exploitation considèrent déjà Telepak comme une menace commerciale?



Ruwi: Pas encore. On a encore du mal avec l’étendue des forêts et notre Chiffre d’Affaires est minime comparé à celui de grandes entreprises de Lobby en Indonésie. Mais elles nous guettent et certaines ont meme commencer à suivre notre chemin.



mongabay.com: Avez-vous réussi en percevoir une prime pour vos produits du bois ?



Ruwi: Oui. Même si le volume est très limité pour le moment.



mongabay.com: Quelles sont vos autres activités?



La forêt tropicale du parc national Gunung Palung au Kalimantan de l’ouest. Photo prise par Rhett Butler en mars 2011.

Ruwi: Les autres activités de Telepak incluent: le développement d’un modèle de pêche communautaire qui soit juste et durable. Le prototype se veut respectueux de l’environnement à Bali (qui est la première du genre en Indonésie) et une production de coral centrée sur les poissons. La communautée de pêche essaie de mélanger la conversation et le développement économique: les efforts de conversation de la région sont financés par Telepak et développés par des organisations de pêcheuirs afin d’exporter les poissons de décoration et les coraux.



Une autre de nos activités est la gestion de l’eau, et Telepak travaille avec des ONG partenaires dans plusieurs provinces pour développer et mettre en place des négociations pour combattre les problèmes de gestion des ressources y compris reconcilier les intérêts en amont et en aval liés aux problèmes des rivières ainsi que le développement de la prise de conscience du public. C’est un secteur encore en développement et Teleâk n’a pas encore créé de modèle qui puisse être utilisé de manière efficace et être reproduit.



Telepak travaille aussi sur son aspect commercial, y compris l’investissement dans les médias, des commodités organiques, production d’herbes et plusieurs commerces de détail.





Une exploitation illégale au bord du parc national de Gunung Palung à l’ouest du Kalimantan sur l’île de Boréno. Ces arbres seront utilisés pour la construction de structures visant à attirer des salanganes qui aident à la préparation d’un mets de Chine sous forme de soupe appelé « nid-d’hirondelles », tandis que le bois plus précieux, comme meranti est récolté pour exportation à destination de la Chine. Photo prise par Rhedd Butler en mars 2011.







Indonesia




mongabay.com: Est-ce que le partenariat entre la Norvège et l’Indonésie a eu un impact en Indonésie? Est-ce que les entreprises prennent conscience que « c’est pour de vrai » depuis l’argent qu’est sur la table?



Une pépinère pour le réforestation. Permission de Telepak.

Ruwi: Je ne sais pas. S’il y a un impact, on ne peut pas le mesurer dans la vie quotidienne.



mongabay.com: A votre avis, qu’est-ce qui est le plus important pour faire de REDD un succès? (c’est-à-dire, quels sont les plus grands défis et les meilleures approches?)



Ruwi: A mon avis, ce qui est à faire ressemble aux étapes que j’ai mentionnées plus haut:



1. La sécurité et protection des droits fonciers land/ le secteur forestier.



2. Une forte organisation communautaire, l’investissement social



3. L’investissement technique à différents niveaux relatives au programme REDD, à commencar par le développement d’un plan de gestion des forêts ur le terrain.



4. Les mécanismes sains et justes du marché et financier que suivent le 1,2,3 ci-dessus, et la bonne gestion des forêts, et tout le reste.



mongabay.com: Pensez vous que si le REDD est conçu correctement cela appaisera les courtiers traditionnels comme le bupati ?



Ruwi: Je ne pense pas que cela soit possible sans s’attaquer à tous les problèmes historiques et de gouvernance.



mongabay.com: Si les USA devaient soutenir REDD en Indonésie, quelles stratégies suggèreriez-vous qu’ils approchent? Où devraient-ils investir?




Au forum mondial de Skolls en 2010, Ruwi et Silverius Oscar Unggul (« Onte ») ont été nommés poun un Skolls Award pour l’entreprenariat social, pour leur travail avec Telepak. De gauche à droite: Paul Hawken, Skoll Fondation PDG Sally Osberg, Onte, Ruwi, and Jeff Skoll.


Ruwi et Onte discutant au forum mondial de Skoll à Oxford en 2010. Photo reproduite avec la permission de la fondation skoll.

Ruwi: Je réitère les étapes citées précédemment. Les USA et les autres pays devraient investir dans les causes sous-jacentes de la déforestation et créer un nouveau régime de gestion des forêts tel qu’une communauté gestionnaire et l’exploitation durable par exemple.



mongabay.com: Telepak est un peu inhabituel en Indonésie parce qu’il agit à travers toute l’archipel. Qu’est-ce que vous pensez être la meilleure solution pour renforcer la société civile en Indonésie?



Ruwi: Je pense que la société civile a besoin de trouver la force, la signification pour faire part des communautés. A Telepak on dit: vivre des forêts, mers pour les indigènes, les fermiers et les pêcheurs.



mongabay.com: Est-ce que vous croyez que les indonésiens s’intéressent de plus en plus ou de moins en moins aux problèmes environnementaux?



Ruwi: Je crois que les indonésiens s’y intéressent de plus en plus.



mongabay.com: Qu’est-ce que les étrangers peuvent faire pour soutenir vos efforts?



Ruwi: D’une manière général, les étrangers peuvent nous aider an pensant, faisant et consommant différemment. De la même manière que nous créons et introduisons de nouvelles manières de gérer les forêts, de produire et distribuer les produits de commodité, les étrangers doivent contribuer en changeant leur mode de vie et d’investissement.


La presentation de Ruwi, en indonésien, commence à 20:20.




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