Impliquer les communautés locales dans la gestion des ressources forestières accroît les retombées économiques et la biodiversité dans les zones où les locaux participent peu, signalent des chercheurs dans les colonnes du magazine Science. Leurs conclusions pourraient influer sur les efforts de protection et de gestion durable des forêts dans le cadre du mécanisme de réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation.
En analysant les données de 84 villages à travers le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, l’Inde, le Népal et le Bhoutan, Lauren Persha de l’Université du Michigan et ses collègues ont constaté que les moyens d’existence des communautés dépendantes des forêts ainsi que la biodiversité de ces dernières étaient plus élevés lorsque les populations locales participaient directement à l’élaboration des règles de gestion forestière.
«On a beaucoup discouru sur l’obtention de résultats «gagnant-gagnant» incluant les dimensions sociales et écologiques des forêts alors que certains pensent que le gagnant-gagnant est impossible et les compromis inévitables,» déclare Lauren Persha, une chercheuse postdoctorale du Programme de Recherche du réseau des Instituts et ressources forestières internationaux (IFRI). «Mais très peu de recherches a ce jour ont utilisé des données systématiques et suffisamment solides pour essayer d’aller au-delà de ce discours du «ou/ou» et ce, afin de mieux comprendre les relations existant entre les résultats sociaux et écologiques des forêts, afin d’identifier une importante politique institutionnelle socio-économique ou des facteurs liés qui soient associés à des résultats conjointement positifs.»
«Les droits en matière de participation en règles régissant aux exploitants locaux des forêts ont été un facteur clé dans l’obtention d’une situation gagnant-gagnant dans notre recherche,» a ajouté le co-auteur
Arun Agrawal qui collabore aussi avec l’Université du Michigan et le réseau IFRI. «De manière similaire, nous avons constaté une plus grande probabilité pour une forêt d’être en dessous de la moyenne tant en matière de moyens d’existence et de subsistance que de biodiversité lorsque les exploitants locaux des forêts n’ont pas ce droit.»
Ces conclusions étayent l’argument que les communautés locales devraient avoir leur mot à dire si elles participent à la réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation, une stratégie d’atténuation des changements climatiques qui propose de payer les pays tropicaux pour protéger et gérer de manière durable les forêts. Les défenseurs de la réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation affirment que le mécanisme pourrait contribuer à sauvegarder la biodiversité et à générer des revenus pour les populations locales, mais ce même mécanisme a rencontré une forte opposition de la part des populations locales qui veulent déterminer par elles-mêmes la manière dont elles gèreront les ressources forestières dont elles font traditionnellement usage.
Lauren Persha, Arun Agrawal, Ashwini Chhatre. Synergie sociale et écologique : Elaboration de règles locales, Moyens d’existence tirés des forêts et Protection de la biodiversité.
25 mars 2011 VOL 331 Magazine SCIENCE