Un amendement visant à affaiblir la protection garantie par le code forestier brésilien de 1965 a franchi une première étape législative rapporte le World Wide Fund for Nature-Brasil (WWF Brésil). L’amendement a passé l’épreuve du vote du Comité Spécial du Congrès, portant sur les modifications de lois concernant les forêts.
Porté par un groupe de députés brésiliens connus sous le nom « ruralistas » en raison de leurs liens avec la grande agriculture, l’amendement réduirait la protection des écosystèmes des grandes forêts du Brésil garantie par le code forestier, notamment l’Amazonie et la forêt atlantique.
L’amendement modifierait la règle du code forestier selon laquelle les propriétaires amazoniens doivent garder 80% de leurs terres en tant que réserves naturelles. D’après les ruralistas, la loi fait du mal au développement de l’agriculture, bien qu’elle soit largement bafouée. L’amendement prévoit également l’amnistie à tous les fermiers ou propriétaires de ranchs qui ont pratiqué des déforestations illégales, englobant plus de 40 millions d’hectares de terres illégalement déforestées.
Le code forestier du Brésil, l’un des plus progressistes au monde, étend également sa protection à certains autres paysages : rives, falaises et collines, regroupées sous l’appellation Areas of Permanent Preservation (APPs). Cependant, l’amendement placerait les APPs actuellement sous la tutelle du gouvernement fédéral sous celle des états fédérés, permettant à ces derniers de réduire leurs APPs de près de moitié.
Les écologistes soutiennent que l’amendement serait la porte ouverte à une nouvelle période de destruction massive des forêts, que ce soit en Amazonie ou dans la forêt atlantique, sapant ainsi le travail des actions entreprises par le Brésil qui ont réussi à la fois à ralentir la déforestation et limiter ses émissions de gaz à effet de serre. Ils affirment même que le Brésil a la capacité d’accroître sa production agricole sans avoir besoin de raser de nouvelles forêts, à la simple condition que les fermiers utilisent les technologies et connaissances disponibles pour augmenter les rendements.
L’amendement va être voté par le Congrès brésilien. S’il passe, le président aura la possibilité d’apposer son véto, mais WWF-Brésil pense qu’un tel véto est improbable à l’approche des élections d’octobre.
Pour plus d’information sur l’amendement: Amazon and Atlantic Forest under threat: politicians press to dilute Brazil’s forestry law.