Nouvelles de l'environnement

Madagascar reprend ses exportations de bois de rose exploités illégalement et cela malgré le moratoire



Albert Camille Vital, le Premier Ministre de Madagascar sous le régime qui a pris le pouvoir suite à un coup d’état sur cette île nation de l’océan Indien l’année dernière, a accordé, cette semaine, l’autorisation d’exporter des bois précieux pour une valeur proche de 16 millions de US$, bois qui avaient été illégalement exploités dans les forêts des parcs nationaux, selon les documents remis à mongabay.com



Le général Vital a adressé un courrier à Rodolphe Saade, président de Delmas, compagnie maritime basée à Marseille et qui avait été vivement critiquée l’année dernière pour son rôle dans la participation à la destruction des parcs nationaux de Madagascar, pour autoriser l’exportation 79 conteneurs de bois de rose à embarquer au port de Toamasina (Tamatave). À réception de cette autorisation du 11 mai, Delmas s’est tourné vers l’ambassade de France pour s’enquérir de la régularité de cette exportation. L’ambassadeur de France a conseillé à Delmas de ne pas procéder à cette exportation car elle risquait d’être pur le moins impopulaire vis-à-vis de la communauté internationale.



Le 20 mai, le Ministre malgache des Finances a demandé à une autre compagnie maritime, SEAL/Pacific International Lines, de procéder au chargement des conteneurs. SEAL/PIL a accepté et son bateau le Terra Bonna a quitté le port de Toamasina le 6 juin.



À présent, nous ne savons pas trop où le bois de rose sera dirigé mais la plupart des acheteurs mentionnés sur les manifestes sont basés en Chine. Ces acheteurs sont notamment China Tushu Shanghai Pudong Import & Export Corporation, Shanghai Tan Tan Trade Co Ltd, Dalian Rising International Trading Co, High Hope International Group Jiang Knit Wear & Home Textiles Import & Export Corporation Ltd, Shanghai Tan Tan Trade Co Ltd, Jiangsu Bosheng International Freight & Forwarding Co Ltd, China Meheco Traditional Medecines and Health Products Import and Export Corp., et Shanghai Tan Tan Trade Co Ltd.



Les vendeurs sont des exportateurs basés à Madagascar, dont Arland Ramialison avec 13 conteneurs pesant 209 tonnes ; Jean-Pierre Laisoa avec 10 conteneurs pesant 610 tonnes ; Jean-Michel Malohely avec 10 conteneurs pesant 153 tonnes ; Ets Ranjanoro avec 10 conteneurs pesant 170 tonnes ; et la Société Thunam qui est, entre autres, le fournisseur de Theodor Nagel, une société allemande de commerce de bois basée à Hambourg, avec 29 conteneurs pesant 516 tonnes.





Rosewood logging in Masoala National Park, a UNESCO World Heritage Site. Photo by Rhett A. Butler



Massacre de la forêt pluviale à Madagascar



Des forêts pluviales de parcs à Madagascar ont été pillés suite au coup d’état de mars 2009 qui a évincé le président élu, mais de plus en plus autocratique, Marc Ravalomanana, pointé d’un pistolet sur la tempe par des officiers de l’armée soutenant Andry Rajoelina, alors maire de la capitale de Madagascar, Antananarivo. Bien que trop jeune pour prétendre à ces fonctions, selon la constitution, et sans grande expérience politique, Rajoelina s’est accroché au pouvoir depuis le coup d’état.



Pendant les mois qui suivirent la prise de pouvoir, des parcs et des réserves ont été ravagés par l’exploitation forestière illégale. Des bandes armées, financées par les trafiquants de bois étrangers, parfois avec la connivence de fonctionnaires locaux, sont entrées dans les parcs nationaux de Marojejy et de Masoala, pour abattre les bois précieux dont les bois de rose et les ébènes. En l’absence de soutien d’un gouvernement central ou de l’appui des agences internationales qui assuraient près de 90 pour cent des investissements dans la protection de la nature, peu de chose pouvait arrêter le carnage.

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