Nouvelles de l'environnement

Les responsables du coup d’état vendent les forêts de Madagascar et ses citoyens



Madagascar est renommée pour sa richesse biologique. Située au large des côtes orientales du sud de l’Afrique et avec une superficie un peu plus étendue que celle de la Californie, l’île abrite une collection éclectique de plantes et d’animaux dont 80 pour cent ne sont rencontrés nulle part ailleurs dans le monde.



Madagascar héberge de véritables énigmes de l’évolution comme le fosa, un mammifère carnivore dont l’aspect tient à la fois du puma et du chien mais qui est affilié aux mangoustes ; l’indri qui est un lémurien de la taille d’un gros chat et qui émet un long chant plaintif qui n’est pas sans rappeler le chant de la baleine à bosse ; le propithèque, un autre lémurien, bien moins chanteur surtout lorsqu’il émet des cris d’alarme mais qui se déplace à terre comme seul pourrait le faire un danseur chevronné ; des caméléons et des geckos diurnes aux couleurs vives ; et d’autres geckos nocturnes comme les uroplates au camouflage irréprochable qui leur permet de se fondre dans l’écorce des arbres sur lesquels ils passent le jour. On y rencontre aussi les baobabs qui semblent avoir été plantés à l’envers, la pervenche qui est employée dans le traitement des leucémies infantiles et de la maladie de Hodgkin ; et pour finir un écosystème complet avec une myriade de plantes épineuses mais sans cactus aucun. Et pour tout ça et bien d’autres éléments, les scientifiques ont fait de l’île – qualifiée de huitième continent – une priorité en matière de protection de la nature.






L’indri et deux propithèques de Coquerel à Madagascar. Photos par Rhett A. Butler.

Mais les richesses naturelles de Madagascar ont été assiégées depuis près d’un an au lendemain d’une crise politique qui a vu l’éviction de son président chassé en exil sous la menace armée, l’effondrement des services publics, y compris dans la gestion des parcs et des réserves naturelles et l’évaporation des financements des donateurs qui constituaient la moitié du budget annuel du gouvernement. En l’absence de gouvernance, des bandes organisées ont pillé les trésors biologiques de l’île, en prélevant des bois précieux et des espèces menacées de lémuriens des forêts humides normalement protégées dans des parcs, et ont aussi effrayé les touristes qui représentent pourtant des alliés économiques de la protection de la nature. À présent que les responsables du coup d’état jouent un rôle de plus en plus actif dans le pillage pour financer des élections à venir qui, espèrent-ils, légitimeront leur prise de pouvoir, il faut se demander si le système de protection de la nature de Madagascar qui avait suscité tant d’intérêt peut être restauré et maintenu.




Madagascar est séparée du continent africain depuis 160 millions d’années et isolée de toute autre masse terrestre depuis au moins 80 millions d’années. Tout ceci s’est soldé par une faune et une flore hétéroclite avec des éléments anciens dont l’origine retrace cette histoire et des éléments qui ont colonisé l’île en arrivant par la voie maritime sur des radeaux flottants. Les radiations évolutives sont cas d’école à Madagascar avec des adaptations aux niches écologiques qui vont des régions désertiques aux fourrés de montagne en passant par les forêts tropicales humides sur des gradients, entre autres, topographiques et climatiques.


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