Dans leur article, Gibbons et Harcourt partent du postulat que le dépérissement et la fragmentation de l’habitat sont deux des principales menaces pour la vie sauvage. Ils notent que les conservationnistes savent depuis longtemps que les espèces menacées dans les petits fragments forestiers ne sont généralement pas des sous-groupes aléatoires de la communauté d’origine. Cette appréhension des phénomènes biologiques de l’extinction pourrait aider à optimiser les efforts menés en vue de la conservation. En examinant les caractéristiques du risque chez les primates, un taxon exceptionnellement bien connu des mammifères des forêts tropicales, les auteurs ont montré qu’il n’y avait pas de relations significatives entre la superficie de la plus petite parcelle où les espèces (ou le genre) s’étaient maintenues et les paramètres biologiques qu’ils avaient examinés. L’explication la plus probable de ces résultats inattendus repose, selon eux, sur le fait que les minuscules parcelles sur lesquelles on étudie actuellement les primates sont en général si petites que tous les primates qui y vivent sont condamnés à long terme, il n’existe par conséquent aucune caractéristique biologique différenciant les taxons menacés. Ils suggèrent également que de nombreuses études menées sur les primates vivant sur des parcelles l’ont été sur des parcelles trop petites pour le maintien à long terme de n’importe quel primate (médiane globale d’1 km2) et donc trop petites pour générer une différence entre les espèces, pour ce qui concerne la probabilité d’extinction. En conclusion, les auteurs estiment qu’il faudrait axer les efforts de la recherche en conservation sur l’évaluation de l’efficacité des fragments forestiers et des petites réserves biologiques mises en œuvre pour protéger les primates.
CITATION: Gibbons,M. A. and Harcourt, A. H. 2009. Biological correlates of extinction and persistence of primates in small forest fragments: a global analysis Full Text PDF. Tropical Conservation Science Vol.2(4):388-403.