Sans tenir compte du réchauffement global, le niveau de Dioxyde de Carbone menace les océans
Sans tenir compte du réchauffement global, le niveau de Dioxyde de Carbone menace les océans
Traduction par OMER Yves
mongabay.com
15/1/2008
L’élévation du niveau de CO2, en ne comptant pas le réchauffement global, aura un large impact sur les océans mondiaux, rapporte une étude publiée dans Geophysical Research Letters du 9 mars 2007.
Les auteurs, K. Caldeira du département d’Ecologie Globale de l’Université de Stanford, L. Cao et A. Jain de l’Université de l’Illinois, montrent dans leur étude que l’absorbtion croissante de CO2 est en train d’acidifier tous les océans, mettant en péril toute vie marine. « Que vous croyez ou non au réchauffement global, le CO2 est sur le point de faire des ravages s’il n’est pas réduit », avertit le Dr. Caldeira. « La montée des températures, pour cause de changement de climat, affecte la salinité, la circulation, la vie marine. Quand le CO2 se dissout dans les océans, une partie devient de l’acide carbonique, un agent corrosif, qui détruit les coquilles d’espèces importantes dans la chaîne alimentaire. »
Les océans mondiaux ont absorbé environ 118 milliards de tonnes de CO2, entre 1800 et 1994, selon un rapport publié par les scientifiques du Centre National de Recherche Atmosphérique et NOAA. Il en résulte un accroissement de l’acidité des océans, ce qui réduit la disponibilité en ions carbonate nécessaires à la construction des squelettes en carbonate de calcium. Dans le passé, de tels changements d’acidité des océans ont déclenché des extinctions massives. Une étude, publiée dans la revue Geology, raconte comment des eaux bien plus chaudes et plus acides peuvent avoir contribué à la pire extinction de masse jamais enregistrée: l’Extinction Permienne. Durant cet événement, à peu prés 95% de toute vie marine disparut. Une pareille tragédie pourrait se reproduire de nos jours.
L’an dernier une équipe de scientifiques écrivant pour Nature ont fait savoir que, vers 2100, la quantité disponible de carbonate pour toute vie marine pourrait chuter de 60%. En surface, d’où part l’acidification avant de se répandre dans les fonds, il n’y aurait pas assez de carbonate aux alentours de 2050. La perte de ces petits organismes aura un impact désastreux sur les prédateurs, saumons, maquereaux, harengs, morues…., pour qui ces organismes sont une source de nourrirure et induire ainsi des répercutions sur d’autres espèces.
Le CO2 est le déchet de la combustion de carburant fossile. Les scientifiques estiment que les océans ont absorbés environ la moitié de tout le CO2 émis lors de la combustion de carburant fossile lors des 200 dernières années. Si les océans ne l’avaient pas absorbé, le taux de CO2 dans l’atmosphère serait bien plus élevé que les 381 ppm actuelles et certes plus proche des 500/600ppm, disent les climatologistes.
Cette acidification a nettement plus augmenté depuis le début de la révolution industrielle. Une étude de M. Jacobson, assistant professeur d’ingénierie civile et environnementale à l’Université de Stanford, indique qu’entre, 1751 et 2004, le ph à la surface des océans est passé environ de 8,25 à 8,14. En outre, J. Orr du Laboratoire des Sciences du Climat et d l’Evironnement a estimé que le ph océanique pourrait encore diminuer de 0,3-0,4 unités vers 2100.
Observed and projected decline in global ocean pH, 1750-2100. Photo by Rhett A. Butler |
La nouvelle parution du Geophysical Research Letters confirme les prévisions d’Orr, en projetant une chute en ph de 0,31 vers la fin de ce siècle, « si les émissions de CO2 continuent sur cette trajectoire pour se stabiliser à des concentrations atmosphériques de 1000ppm ». Caldeira dit que d’aprés, leur nouveau modèle, le taux de changement de température n’aura pas beaucoup d’effet sur l’acidité océanique.
« Comme la température de surface influence la manière dont se dissout le CO2 dans l’eau de mer, nous voulions quantifier de combien l’acidité de l’eau serait affectée par cet accroissement de température lors des émissions de CO2 » , expliqua-t-il. « Nous avons trouvé que le ph, ou acidité, n’était pas tant affecté quelque soit de combien augmente la température lors des décennies et siècles prochains ».
De plus leur modèle montre qu’un taux double de CO2 provoquerait une chute du ph de 0,48-0,51 unité pour 2500.
« L’acidification des océans menace tous les organismes marins qui utilisent le carbonate de calcium pour faire leurs coquilles », Caldeira ajoute. « Cependant, même si la planète se réchauffe, notre étude montre que nous pouvons aider l’équilibre écologique des océans en faisant décroître la courbe des émissions de CO2 par l’utilisation d’énergies alternatives telles que: vent, soleil, nucléaire… ».
Les découvertes suggèrent de se focaliser seulement sur la modération de la température globale (par exemple: en projetant des particules de sulfate dans la haute atmosphère pour refléter les rayons solaires), oubliant que, si rien n’est fait pour limiter les émissions de CO2 , cela ne suffira pas à contrecarrer l’impact négatif de l’acidité dans les océans.
Carbon dioxide levels threaten oceans regardless of global warming