Le tourisme de la faune sauvage peut nuire aux primates
Le tourisme de la faune sauvage peut nuire aux primates
Traduction par Cynthia MÉLOUX
mongabay.com
26/11/2007
D’après une étude du Journal International de Primatologie, datant d’octobre, le tourisme provoque des changements dans le comportement des primates et peut augmenter la mortalité infantile ainsi que la transmission de maladies.
Les 19 années d’études sur « le tourisme des primates, le contrôle des distances d’observations et les risques sur les nourrissons parmi les macaques Tibétain du Mont Huangshan en Chine », ajouté à un corpus croissant d’études, suggère que certaines formes de tourisme de la faune sauvage nuisent à la population des primates, facilite la transmission de maladies, perturbe leur comportement social et provoque la destruction de leur habitat.
L’étude des macaques Tibétains du magnifique Mont Huangshan dans la province de Anhui en Chine, conduite par les scientifiques de Carol Berman de l’Université d’Anthropologie de Buffalo démontre l’accroissement de la mortalité infantile due à l’agression des adultes lors de la présence des touristes. Les touristes nourrissent les singes et déclenchent des changements dans leur structure sociale, augmentent ainsi les conflits, altèrent les liens entre singes lorsque ceux-ci se battent pour atteindre les offrandes
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Selon Mme Berman, « Le taux de mortalité infantile durant l’année d’exploitation du parc était significativement plus élevé qu’il ne l’était dans les années précédentes et suivant sa suspension». « Après que l’exploitation ait débuté, nous avons observé de sérieuses attaques sur des nourrissons peu avant qu’ils ne soient découvert morts et une grande majorité de ces cadavres avaient des morsures. Typiquement, les nourrissons avaient été blessés après qu’une agression ait éclaté parmi les adultes dans l’aire d’approvisionnement utilisé pour permettre aux touristes d’observer les singes. Dans la durée, le taux d’agressions dans la zone d’approvisionnement était en corrélation directe avec la mortalité infantile.
«L’accoutumance et l’hyper agressivité résultent souvent d’un changement dans les habitudes des primates et de leur façon de communiquer. Dans ce cas, cela peut affecter la relation Prédateur-Proie, les relations intergroupes, l’alimentation ou leur développement social » continue-t-elle. « L’attention doit être portée sur le mode de transmission des maladies: les contacts directs sont responsables de l’émergence des maladies chez les singes, grands singes et humains ».
«En plus de la mortalité infantile, la transmission de maladies et les conséquences des perturbations sur leurs activités, leurs relations familiales et leurs développements sociales, le tourisme des primates peut contribuer à la destruction de leurs habitats, particulièrement quand la demande touristique abouti à la construction de logements et au développement de la restauration au cœur de l’habitat des primates.
Des résultats similaires ont été trouvé dans d’autres parties du Globe, de l’Asie du sud est, à l’Afrique de l’Est et de l’Ouest, à Madagascar et en Amérique Centrale.
D’après, Mme Berman il est possible de tirer du positif du tourisme de la faune sauvage tout en permettant la conservation des primates mais cela nécessite une gestion et une organisation rigoureuses.
Macaques en Indonésie. Photos de Rhett A. Butler |
«Le tourisme des primates est salué pour sa contribution dans la conservation des primates, mais aussi pour les retombées financières et bien faits éducatifs dont bénéficient les communautés locales ».
« Toutefois il y a peu de recherches de son impact sur les groupes de primates eux-mêmes, c’est pourquoi nous avons opté pour cette évaluation » explique Mme Berman « Nous aimerions croire que le tourisme liés aux primates puissent être bénéfique à la fois aux intérêts économiques des humains et à la conservation de la faune, mais il est impératif que nous comprenions quelles pratiques les servent et lesquelles les desservent.
Consuel Ionica de l’université de Buffalo, Jinhua Li et Huabo Yin de l’université de Chine et Hideshi Ogawa de l’université de Chukyo au Japon ont également participé à l’étude.